Black swan : L'Ego altéré

Publié le par fredastair



Black swan, de Darren Aronofsky (2011), avec Nathalie Portman, Vincent Cassel, Mila Kunis, Barbara Hershey, Winona Ryder, Ksena Solo, Sebastian Stan, Benjamin Millepied...

     On attendait beaucoup (de) Black Swan, c'est peu de le dire. A mettre au crédit de cette impatience, une bande-annonce inspirée, sur le fil du sublime et de la terreur, qui promettait un grand film à sensations fortes ; le simple nom de Darren Aronofsky en tête d'affiche, cinéaste coup-de-poing (Requiem for a dream donnait tout son sens au terme de ''choc'' cinématographique), revenu en force dernièrement avec un The Wrestler en état de grâce critique ; et surtout un buzz énorme, entre une pluie d'Oscars annoncée et une moisson d'avis ultra-élogieux. Peut-être aussi une obsession plus personnelle, répondant à un motif secret : la certitude que ce ballet de fantasmes freudiens allait clore en beauté, dans une noire apothéose, cette belle galerie de fous et de labyrinthes mentaux que 2010 nous avait déjà offerte : Shutter Island, Kaboom, Bad Lieutenant, Oncle Boonmee, Eyes of war, Inception...

       Toujours se méfier, cependant, des films qui se proclament fiers d'eux. En 2009 et par la bouche de Brad Pitt, Tarantino refermait son Inglourious Basterds sur cette déclaration goguenarde et sûre d'elle : « ça pourrait bien être mon chef-d'œuvre ». Or, tout brillant soit-il, Inglourious... était surtout un exercice de petit malin, où le cinéaste pop se contentait de nous resservir ses ingrédients habituels, pas vraiment à la hauteur de ses meilleurs coups d'éclat. Le final de Black swan est du même tonneau – les derniers mots prononcés par les personnages, à l'issue du spectacle-climaxe que prépare le métrage entier, sont « It was perfect »... et le générique de s'ouvrir sur les applaudissements déchaînés d'un public de fiction. Sans vouloir être trop sévère avec le film d'Aronofsky, qui se range indéniablement dans la catégorie des (grandes) réussites, cette autosatisfaction ne peut pas être le fruit du hasard, ni celui d'une interprétation fallacieuse : elle est partout à l'écran. Et comment ne pourrait-elle pas exister, comment lui en vouloir? Après tout, le réalisateur a bien fait son boulot, et plus encore : la preuve, au terme d'un dénouement étourdissant et d'une puissance peu commune, le spectateur est complètement KO. Sans doute arrivé au sommet de ses capacités, Darren Aronofsky fait preuve ici d'un savoir-faire inattaquable ; mais on a aussi le droit de se demander où mène une telle démonstration.  Black Swan est un coup de force, on ne le lui enlèvera pas ; mais il faudrait aussi se demander, et c'est plus problématique, si les coups de force font les grands films.


Natalie Portman. Twentieth Century Fox France


Darren Aronofsky. Twentieth Century Fox France

le réalisateur Darren Aronofsky


         Black Swan conte l'histoire de Nina (Nathalie Portman, THE performance), jeune ballerine du New York City Ballet qui prépare comme une dingue le rôle principal du Lac des Cygnes, ayant appris que son metteur en scène, Thomas (Vince Cassel au top), entend remplacer sa danseuse fétiche et vieillissante (Winona Ryder, revenue d'entre les morts) par un peu de sang neuf. Le problème de Nina, outre des troubles psychologiques galopants, reste son excès de maîtrise et de candeur, idéal pour jouer le Cygne blanc, mais qui la rend incapable ''d'incarner'' le Cygne noir, son pendant plus sombre et charnel. L'exact contraire de Lily (Mila Kunis), nouvelle venue à la sensualité provocante, avec qui Nina engage une compétition acharnée en même temps qu'une amitié ambiguë. Alors que Thomas la choisit finalement pour la tête d'affiche du ballet, Nina va devoir se dépasser et céder à ses pulsions secrètes, pour le meilleur et pour le pire... Très bon point de départ pour captivant scénar, à la fois exploration d'une psyché dérangée et thriller à rebondissements dans un univers méconnu, celui de la danse classique. Dans le traitement du suspense comme dans celui de la folie psychotique, tout est d'ailleurs impeccablement huilé, tout à l'image est soigneusement à sa place pour faire sens, chaque détail renvoie à l'ensemble pour un résultat d'une lisibilité limpide. La sonorité des prénoms, en reflet comme le ying et le yang (''Ni-na'', son alter ego ''Li-ly''...), annonce déjà les vertiges d'un dédoublement. Aronofsky est aussi parfaitement à son aise dans le jeu des couleurs et du noir/blanc (les exemples abondent), ou dans sa capacité à tirer une réelle beauté plastique de plans a priori disgracieux (les séquences à caméra portée collées aux basques de Nina, en salle de répétition ou dans le métro). Dans sa maîtrise toute-puissante de la réalisation et de ses thématiques, Aronofsky intègre harmonieusement à son récit ses innombrables références : DePalma (et, par extension, Hitchcock) pour la folie visuelle, les plans-séquences, les troubles du double et la mère à l'amour dévorant (toute droit sortie de Carrie, et interprétée par une Barbara Hershey aussi rassurante que discrètement flippante) ; Polanski pour la plongée dans la schizophrénie et Cronenberg pour la mutation monstrueuse des corps ; et même les maîtres de l'expressionnisme allemand, type Murnau, dont il emprunte la dialectique noir/blanc et la poésie à contre-temps lors d'un prologue inattendu... Mais la citation, si elle enrichit logiquement le matériau de base, a aussi son revers. En d'autres termes, Aronofsky intègre ses références, mais les transcende-t-il? Ce n'est pas vraiment rendre service à Black Swan que de le comparer, disons, au Roman Polanski des grands jours – celui des années 60-70, hein, pas de The Ghost-writer, soyons bien d'accord. Le film renvoie évidemment à Repulsion et au Locataire, sans doute ses deux chefs-d'œuvre les plus obsédants, mais a cru bon de lui rajouter quelques kilos... ce qui ne lui sied pas complètement au teint. Chez Polanski, les personnages schizophrènes se miraient régulièrement dans un miroir jusqu'à ne plus se (re)connaître, dans un trouble subtil du dédoublement. Black Swan a retenu la leçon, peut-être un peu trop : quand le cinéaste franco-polonais disséminait trois ou quatre surfaces vitrées dans son décor, Darren Aronofsky en dispose, quant à lui, une bonne cinquantaine.


Natalie Portman. Twentieth Century Fox France


      Natalie Portman et Mila Kunis. Twentieth Century Fox France


 

        Question d'époque peut-être, l'an 2000 étant aussi l'ère de l'explicite, du gore et du sexe décomplexés ; question de sensibilité sûrement, Aronofsky étant l'inverse de Polanski : le second privilégiait le réalisme et la suggestion (et c'est paradoxalement, mais pas tant que ça, par ce biais qu'il devenait ''efficace''), le premier leur préfère l'excès et la grandiloquence. Puisqu'on est chez Tchaïkovski, et plus largement dans la musique classique, on dira que les partitions polanskiennes font plutôt entendre une mélodie sourde, insidieuse, faussement douce, parfois traversée de violents coups de cymbales (c'est exactement le processus musical à l'œuvre au début de Repulsion, vaguement jazzy avant la première hallucination de Carol-Deneuve ; c'était le surgissement du fantasmagorique au cœur du banal qui clouait au fauteuil). Aronofsky adopte l'orchestre symphonique et la grosse caisse comme unique régime de jeu, ce qui est respectable, mais a aussi ses inconvénients : tous ses effets sont plus prévisibles les uns que les autres. Des multiples sursauts du style « bouh, fais-moi peur, je suis derrière toi », constamment annoncés par de vagues ânonnements sonores, jusqu'aux métaphores un brin lourdingues qui jalonnent le récit (les fêlures du corps reflétant les fêlures mentales, ici illustrés par des effets gore assez répétitifs), les détails qui ne soient pas surlignés au burin se font de plus en plus difficiles à trouver. Au-delà de la thématique schizophrène, c'est finalement l'histoire d'une éducation psychique (et sexuelle) que nous raconte le film, à travers l'image du ''cygne blanc'' frigide qui doit se convertir à la noirceur exacerbée de ses mauvais penchants. C'eût pu être une belle piste, et ça l'est partiellement, mais fléchée jusqu'à la grossièreté, soit par les personnages (Thomas répétant jusqu'à plus soif « I only see the White Swan » ou « Lose yourself »), soit par leurs accessoires (les vêtements de Nina passent de l'immaculé au gris clair sous l'influence de son double maléfique, tout le monde porte du noir autour d'elle, etc etc), soit par les situations – le must étant la collection de nounours roses, que Nina conserve dans sa chambre comme un mausolée, avant de les balancer aux ordures et d'aller sniffer de la coke en boîte de nuit, parce que non, ce n'est plus une « sweet girl » (but not yet a woman). Le tape-à-l'œil n'exclut pas le talent, mais on se demandera quand même pourquoi le réalisateur a eu besoin de scènes sulfureuses de masturbation ou de sexe lesbien pour nous faire comprendre l'émancipation de son personnage : l'excès de moyens ne masquerait-il pas, au contraire, un certain manque de moyens quant à l'illustration d'un propos? Si Aronofsky vise à nouveau le chef-d'œuvre à l'avenir, comme il le fait visiblement ici, il ferait bien d'y penser.

        On repèrera les mêmes ''problèmes'' dans le traitement du son, ou encore de la musique ; toujours splendide par ailleurs (variations autour des thèmes de Tchaïkovski signées Clint Mansell, compositeur attitré de Darren Aronofsky, déjà responsable des extraordinaires montées de violons de Requiem for a dream), elle vient toujours appuyer la scène qu'elle accompagne, en rajouter une nouvelle couche. On ne voudrait pas être relou, mais il suffit pour s'en convaincre d'un seul souvenir, celui du Locataire, sa partition glaçante et entêtante signée Philippe Sarde, la manière dont celle-ci épousait merveilleusement les images de Polanski, sans trop en faire... Brève parenthèse sur l'utilisation de la musique classique au cinéma, puisqu'elle est d'actualité – cf Le Discours d'un roi, autre événement ciné du mois de février, qui s'achève sur du Beethoven. Un rapprochement (certes pas terrible) s'impose entre Des hommes et des dieux et Black Swan, puisque les deux films, acclamés à travers le monde, se terminent sur la même musique de Tchaïkovski. Indéniablement, leurs dénouements respectifs peuvent être qualifiés de très grands morceaux de cinéma, portés qu'ils sont par les notes enchanteresses du maître russe : celles-ci viennent gonfler l'image, donner sens à une séquence au-delà de sa situation. Mais dans quelle mesure les cinéastes Beauvois et Aronofsky servent et se servent-ils de la musique classique? Y a-t-il un intérêt profond à utiliser du Mozart, du Beethov, du Tchaïkovski, si ce n'est que pour servir les intérêts dramatiques (et émotionnels) d'une scène, sans réactualiser leur musique et lui donner un relief enrichi? C'est un peu la question que soulève Le Discours d'un roi justement, lançant la Septième Symphonie de Beethoven pour son final en grande pompe ; le climaxe fonctionne, on en ressort tout chose, mais qu'est-ce que Tom Hooper a apporté à Beethoven, sinon le loisir d'être réexhumé, quelques minutes seulement, pour filer le frisson à son spectateur? Merci Beethov', et à la prochaine. A l'inverse, dans le meilleur des cas (c'est-à-dire chez les grands auteurs), on a Coppola, on a Kubrick, on a même – à la rigueur – Gaspar Noé avec Irréversible (qui n'est certainement pas un grand auteur, mais reste un cinéaste coup-de-poing plutôt habile), chacun jetant une lumière neuve sur les classiques qu'ils emploient. Xavier Beauvois est entre les deux, ni tout à fait un maître ni vraiment un opportuniste. La musique du Lac des Cygnes faisait accéder les moines de Tihibirine à une double transcendance, tout autant mystique qu'artistique, les transfigurant à la fois en pures icônes (des martyrs christiques) et en pures émotions (des ''images-affections'' parfaites, comme dirait Deleuze). Bref, la scène était puissante, intelligente, magnifique, elle ne se contentait pas de ''récupérer'' Tchaïkovski mais elle résolvait, à travers lui, tout le grand dilemme du film : des hommes et des dieux.







         Le cas d'Aronofsky est différent, mais tout aussi défendable, puisque Le Lac des Cygnes est le sujet même de son film. C'est d'abord un enjeu dramatique : Nina obtiendra-t-elle le premier rôle du ballet? Comment trouvera-t-elle en elle la force suffisante pour être à la hauteur de Tchaïkovski? Mais Black Swan va plus loin, il est mieux que cela : c'est aussi une relecture (donc une réactualisation) du mythe mis en musique par le compositeur russe, qui lui donne une résonance toute contemporaine. Par le thème du double d'abord, certes barbouillé au stylo dans tous les recoins de l'image, mais qui trouve une expression inédite dans ce rapprochement étrange opéré par le film : un pont établi entre la légende musicale et intemporelle (le cygne blanc trahi par le cygne noir), la galerie des poncifs freudiens (éveil contrarié à la sexualité, figure masculine vampirique, mère castratrice) et la métaphore du monde de spectacle (et les troubles illusion/réalité qui lui sont habituellement associés). C'est là-dedans que va se jouer le plus bel enjeu du film, perçant sous les hectolitres de folie grand-guignolesque : tout simplement celui de l'Art, et ce qu'il implique d'exigence, de sacrifice... jusqu'à l'autodestruction. Ce n'est pas une thématique très neuve, elle est même un peu naïve, vieillotte, mais elle trouve un écho très fort dans une Histoire qui traverse les siècles et les générations – les noms de Van Gogh, Baudelaire, Nerval, Mozart viennent naturellement à l'esprit... Les coups bas et la rivalité qui animent les danseuses font partie des obstacles à surmonter : c'est le côté ''les envers des coulisses'' du film, plutôt bien vu (les interprètes du Prince et du Cygne Blanc, incarnations de l'amour absolu, ne peuvent pas se piffer une fois le rideau tombé), savoureusement relayé par un Vincent Cassel énorme, idéal en manager mufle et pervers. Black swan serait donc une fable sombre et moderne sur l'engagement, l'investissement qu'on est prêt à offrir pour servir son idéal de perfection. Un sous-texte qui rejoint immédiatement l'investissement, bien réel cette fois, de l'actrice principale sur le rôle de Nina, où l'entraînement physique le dispute au travail dramatique dans un masochisme ahurissant. Malgré la tendance de Portman à surjouer la candeur (et son transfert brutal vers la ''naughty girl''), force est d'avouer qu'on ne l'avait jamais vue comme ça, incarnant tour à tour une détresse poignante, celle de l'enfant douce et perdue, et une névrose profonde aux contours terrifiants. Nul doute que Nathalie Portman a trouvé là le rôle de sa vie, sa performance dépassant de très loin la question du professionnalisme, pour aller titiller quelques territoires mentaux inexplorés et propres à la comédienne.




Natalie Portman & Vincent Cassel. Twentieth Century Fox France

 

       On l'aura compris, tout le long-métrage pointe vers un accomplissement, celui de son actrice, de son personnage, du spectacle qui les transcendera et les engloutira toutes deux. Aronofsky est un cinéaste de la descente aux Enfers, il l'a suffisamment prouvé avec Requiem for a dream (c'aurait pu être le titre de son nouveau film, d'ailleurs). Le dénouement de Black Swan est, de fait, aussi éprouvant et inoubliable que celui de son film de drogué(s). Avant cela, il aura fallu se farcir une bonne heure et demie de carnaval horrifique, pas désagréable mais un peu longuette. Mise en bouche inégale, certes, mais on ne saurait être trop dur avec le film : au milieu des cymbales, on retiendra quelques images mentales authentiquement angoissantes, passant comme par hasard par des détails tout simples (un rouge à lèvres pas à sa place, un portrait dessiné aux yeux baladeurs, une statue sombre et indéchiffrable plantée au milieu d'un hall luxueux). Autre proposition réussie, les scènes de danse, assez inédites, qu'Aronofsky suit en caméra portée ou en caméra subjective : elles font sentir à merveille ce don du corps qu'elles constituent, la grâce qui les habite, la performance physique (non exempte de trouille) qu'elles représentent. Les vingt dernières minutes résoudront tout cela en gerbes visuelles éblouissantes (le plan séquence où Nina se transforme littéralement en cygne noir, LA séquence du film), en un sommet d'émotion cinématographique qui vaut à lui seul tous les louanges. C'est que l'ampleur du spectacle, la puissance d'un récit non avare en coups de théâtre, se marient alors à une tragédie humaine proprement bouleversante, celle de Nina. Tragédie qu'Aronofsky traduit par de grandes intuitions de mise en scène ; telles ces larmes sincères que verse Nina devant l'étendue de son gâchis, et qui viennent effacer la poudre de son visage fardé ; tel ce dernier miroir qui, à la fois comme matière et comme reflet, lui sera fatal ; tel ce champ-contrechamp final, magnifique et plein de sens, avec la figure maternelle. Pour tout cela, Black Swan n'est peut-être pas un chef-d'œuvre (pas celui qu'on clame partout en tout cas), mais restera, et ce n'est pas rien, l'un des temps forts indéniables de cette année ciné.



   [ Pour finir, un florilège obligatoire des affiches promotionnelles de Black Swan, qui rappellent les plus belles images de la propagande soviétique ou des dessinateurs polonais – voir à ce sujet le très bon dossier qu'Allociné leur a consacré, à retrouver ICI. De véritables œuvres d'art, qui servent merveilleusement bien les intérêts de ce film évènementiel. ]



Twentieth Century Fox France         Twentieth Century Fox France



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F
Je n'ai pas évoqué "The Ghost-writer" parce que c'est un film que j'ai moins vu, que je connais moins et tout simplement que j'aime moins que les deux autres. Il faudrait d'ailleurs que je le revoie pour me faire une seconde opinion. Cependant tu as raison, la thématique du double y est présente (d'autant plus que Ewan Mc Gregor suit littéralement les traces d'un mort, jusqu'à la remplacer, exactement comme Trelkovsky dans "Le Locataire"). <br /> Cependant ce "double"-là n'était pas le résultat d'une schizophrénie, d'une pathologie, du moins pas directement : là est sa différence avec "Repulsion"/"Le Locataire", et aussi, de fait, avec "Black swan"<br /> <br /> Quant à la référence à Hitchock (dans la mise en scène, la thématique du double, le traitement du suspense), je l'ai rapidement évoquée, mais il faudrait sans doute l'approfondir comme tu le fais sur la Kinépothèque. <br /> Egalement celle, plus inattendue et que tu as aussi notée, aux documentaires sur la danse qui ont fleuri ces dernières années (les scènes où Portman prépare ses semelles, les strie aux ciseaux etc) : je pense ici au formidable "Rêves dansants", dont tu retrouveras d'ailleurs une critique sur ce blog, via l'index.
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O
Deux trois choses<br /> <br /> Pourquoi écarter The Ghost writer, n'y est-il pas tout autant question d'un double ici, même fantômatique ?<br /> <br /> C'est amusant, je te rejoins sur le début du paragraphe "Question d'époque peut-être...". Tu compares Polanski l'habile à Aronofsky l'excessif, de mon côté je plaçais Hitchcock dans le reflet du miroir face au New-yorkais. Et Polanski s'est souvent ressourcé chez Hitch... Mais il était davantage question de morale dans mon propos et moins comme tu le fais de mise en scène.<br /> <br /> Bien qu'il est été récemment chroniqué sur La Kinopithèque, il me faudra voir Répulsion très prochainement !<br /> <br /> Je te rejoins sur le reste.
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F
C'est moi te remercie, Christophe!
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F
Je comprends ce que tu veux dire pour les poètes romantiques, la disparition du Sujet créateur (Nina n'est pas maîtresse de son art), l'esprit vs le corps (même si on trouve chez certains des références aux stigmates... mais ça reste métaphorique, et sans doute minoritaire). Disons que les romantiques pour "Black swan" reste une piste possible, même si c'est une piste qui a quelques failles.<br /> <br /> Pour Tchaïkovski dépassé par Aronofsky, je me doutais bien que tu voulais pas dire ça, c'était juste pour te taquiner ;-) On reste d'accord quant à Tom Hooper et Beethoven, tes dernières phrases résument exactement mon sentiment (même si j'aime bien son film aussi, et que son dénouement "radiophonique" m'a filé quelques frissons).<br /> <br /> A bientôt !
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T
Hello ! Merci pour le message très sympa sur le blog Fredastair ! <br /> On est d'accord sur beaucoup de choses ; je ne connais pas le locataire, mais il est maintenant programmé ! <br /> Quant à la thèse du foutage de gueule, je ne serais pas très loin de la soutenir en effet, et parce que justement il affiche les détails et les symboles d'une manière grossière qui ne lui convient pas trop... <br /> Quant au thème christique, oui, il m'apparaît de plus en plus comme une des voies crédibles du foutage de gueule...<br /> Quant aux romantiques, je ne sais pas trop si on doit les rapprocher de ce thème des stigmates, parce que - je crois en tout cas, contredis moi si t'es pas d'accord - que leur malédiction était plus tragique, à la limite mystique, que corporelle (c'est plus une malédiction métaphysique qu'une malédiction physique, esprit VS chair). Et puis il y a quelque chose contre l'hypothèse romantiste, c'est aussi peut-être que le romantisme repose sur un sujet créateur absolu, bien que tourmenté. Or le Black Swan c'est justement la dissolution du sujet dans ses formes les plus structurelles (identité, raison...), et puis Nina "n'est que" interprète, pas créatrice au sens plein que lui donnerait les romantiques... bref.<br /> Et puis je n'ai pas dit (ou en tous les cas pas voulu dire) que Aro dépasse Tchaï, mais qu'il s'est au moins donné les moyens de le dépasser (après tout, ça reste subjectif) : je l'ai dit dans le sens où il s'est réapproprié le lac des cygnes, l'a repris et l'a relevé dans une autre direction, en lui attribuant un sens nouveau, cad l'interprétation ou la perspective artistique de ce Black Swan... Ce que n'a pas du tout fait Hooper, en intercalant, en reproduisant un peu platement Beethov dans sa trame (c'est un peu le reproche de l'argument d'autorité : c Beethov, donc c'est beau, donc mon film est beau ; je ne crois pas que ça se passe comme ça...). <br /> Mais enfin, à bientôt !
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